Lina...

Quittant le village qu'elle avait chamboulé, Lylia se dirigeait vers l'antre de la Liseuse de Cartes. Le vieil homme qui lui avait legué son pouvoir le lui en avait parlé. Une grotte dans les montagnes d'Edensiel, dans laquelle se cachait une belle jeune femme, sauf que celle ci devait avoir vieilli...mais rien n'est étonnant dans ce monde. C'est si ennuyant.
Chevauchant Eiria, Lylia partit donc en quête de son nom, elle avait déjà un pouvoir, mais en acquérir un autre ne lui déplairait pas. Après de longues recherches, elles purent enfin apercevoir la caverne, malheureusement il était impossible d'atterir ici. Il fallait donc descendre en contrebas pour remonter...du temps de perdu.
Les battements d'ailes du wyvern évacuèrent un surplus de poussière qui n'avait rien à faire là, toutes deux n'aimaient pas en avoir dans les yeux. Lylia et Eiria continuèrent donc à pied, une ascension plus difficile pour le wyvern, elle préférait voler plutot que de se déplacer sur ses deux pattes. Plus rapidement que prévu, elles aperçurent l'entrée de la grotte, et prudemment, elles s'y engouffrèrent.

-...

Il n'y avait rien à dire.

Ben oui, c'était son job quand même. Que de révéler les noms divins, et une fois de plus, ceci devait être fait. De toute façon, c'était la seule raison de son existence éternelle. Assise, les yeux clos, la semi-déesse lisait, ses cartes éparpillées dans toute la grotte, immobiles, mais toutes face visible contre le sol. La seule qui était autorisée à voir la face sur laquelle figurait les dessins indicateurs était la Liseuse de Cartes, car ces cartes étaient ce qui reliait la Liseuse aux Six Divinités d'Ehiel. Inlassablement, elle interprétait ces messages qu'elle seule pouvait percevoir, et ces messages étaient majoritairement ceux révélant les noms divins de ses visiteurs. Parfois, elle se surprenait à avoir un léger regret pour la période de la Grande Guerre, pendant laquelle son existence avait été toute autre que celle qui était sienne à présent. Une existence animée par les évènements provoqués par les hommes, une existence vouée à ramener l'équilibre sur Ehiel. Mais chaque fois qu'elle percevait ce regret, la demi-déesse le bannissait, le jugeant indigne. Si elle se mettait à agir autrement qu'elle le faisait à présent, ce serait la mort d'Ehiel. Et c'était hors de question.

Sa lecture se portait sur sa future visiteuse. En ce moment, elle ne recevait pas grand monde et se permettait alors d'explorer un peu plus profondément l'existence de ses visiteurs. En fait, 'profondément' n'était pas si profond que cela puisqu'elle n'avait fait qu'assister en tant que spectateur au bazar que sa prochaine visiteuse avait provoqué dans un village plutôt proche... à vol de wyvern. L'Anima du wyvern... c'était plutôt intéressant. Certains auraient pu la prendre pour une cavalière d'Elven, mais la semi-déesse sentait que son pouvoir n'était pas le sien, qu'il avait appartenu à un autre. Maëldor. Quand elle l'avait cherché, ce nom était venu de lui-même à l'esprit de la Liseuse. Quoi de plus normal, c'était elle qui avait révélé ce nom à l'homme maintenant défunt.

La lecture s'interrompit brusquement, d'elle-même. La Liseuse ouvrit les yeux, sentant l'Anima et son Gardien pénétrer dans cette grotte qui était sienne, qui changeait d'apparence selon les pensées du visiteur. Puis elle les vit, s'approcher pudemment, mais ne prononçant aucune parole. D'après ce que la demi-déesse avait pu voir, cette fille était plutôt... spéciale. Mais spéciale ou pas, elle devait recevoir son nm divin, comme tout autre être.

- Bienvenue Lylia. Que recherches-tu, le pouvoir ou seulement le nom ?

D'après ce que la Liseuse avait vu, elle considérait qu'elle n'avait pas besoin d'y aller par quatre chemins avec l'Anima du Wyvern. Elle n'étaot apparement pas du genre à se laisser impressionner.

Ainsi c'était elle, il n'y avait aucun doute possible, personne ne se souciait de son prénom, la seule personne pouvant le connaitre était donc la Liseuse de cartes. Elle semblait plutôt jeune, une apparence physique qui avait du faire succomber bien des hommes, même Maeldor avait fait de ses louanges. L'anima s'avança vers son interlocutrice, celle ci était assise, devant de nombeuses cartes, d'où son surnom...

-Les deux.

Au moins c'était concis, cela était à son habitude, elle ne voyait pas l'interêt de tourner en rond alors elle répondait toujours simplement.
Eiria ne semblait pas méfiante, ce qui était plus qu'étrange chez elle, mais il émanait de cette femme une étrange aura de...pureté? Non plutôt une aura de confiance, dans tout les cas, Lylia elle, ne se préccupait pas de cela, elle ne se préoccupait pas de grand chose d'ailleurs...

-Il fait plutôt froid par ici.

Rien d'étonnant, les montagnes d'Edensiel n'étaient pas réputées pour leur chaleur. D'une certaine façon, comme elle n'était pas sensible aux sentiments, elle l'était plus aux sensations, ou quelque chose du genre. Elle ressentait la douleur, bien qu'elle n'y réagissaient que peu, finalement, c'était vraiment une fille étrange.

Un franc sourire s'étala sur les lèvres de la Liseuse de Cartes, qui appréciait la manière concise de Lylia quant à son expression. Au moins, il ne faudrait pas tourner autour du pot pendant des heures, et la véritable nature de la jeune fille n'était pas bien difficile à cerner, tant celle-ci était franche, et que son insensibilité et son peu d'intérêt pour ce qui pouvait parâitre important aux yeux des autres était évidents. Peu de personnes répondaient ainsi à cette question qu'elle avait l'habitude de poser lorsque le visiteur ne réagissait pas en premier. En fait, personne ne lui avait jamais répondu ainsi, puisque, à première vue, la réponse semblait impossible. D'un côté, le pouvoir. Là, on était tous d'accord, il n'y avait pas besoin d'un dessin. De l'autre, le nom, le nom et toute sa signification, à la fois le danger qu'il représentait et la confiance que cela pouvait symboliser. Mais en voyant l'Anima seule, la semi-déesse s'était doutée un moment que le pouvoir importerait plus que le nom lui-même. Mais apparemment non.

- Assieds-toi, invita la Liseuse.

Le regard de cette dernière passa brièvement sur le wyvern, qui ne semblait pas se méfier de l'endroit, ni de son habitante. Quoi de plus normal, la semi-déesse n'avait absolument pas l'intention de faire du mal à l'Anima ni à sa Gardienne. Cependant, la jeune fille semblait être sensible à quelque chose en ce lieu, et elle ne tarda pas à faire remarquer la fraîcheur qui régnait dans les lieux où logeait la Liseuse. Et cette dernière ne mit pas longtemps à deviner que l'Anima était sensible à la température, plus qu'aux réactions de son interlocutrice. Quelle fille étrange...

- Es-tu plus sensible aux sensations ? Qu'as-tu perdu ?

Ne pas tourner autour du pot... Cela ne servait à rien face aux persones comme Lylia. La semi-déesse tendit sa main, et une carte vint d'elle-même se glisser entre les doigts fins de la Liseuse. Celle-ci porta brièvement son regard sur la carte, histoire de vérifier que c'était la bonne. Et effectivement, la carte du Soleil était bel et bien entre ses doigts.

- Brûle, murmura la semi-déesse.

La carte s'embrasa, produisant une chaleur agréable. La Liseuse, elle, semblait y être insensible, d'autant plus que ses doigts étaient au beau milieu du feu provoqué par la carte. Doucement, elle les retira, laissant la carte flotter dans les airs, faisant guise de foyer flottant. Et on ne pouvait pas dire que la Liseuse était insensible à la chaleur, c'était plutôt... qu'elle ne la craignait pas.

Elle sourait...c'était sa remarque qui l'avait fait réagir ainsi? Quelle fille étrange, elle devait être surprise, bien que cela semblait normal aux yeux de l'Anima. Elle recherchait le pouvoir, parce que c'était la seule façon de survivre dans ce monde, et elle recherchait le nom...peut être, parce que cela prouverait son existence. La Liseuse l'invita à s'asseoir et c'est ce qu'elle fit, elle se mit sur ses genoux, en écoutant la question de la Liseuse, celle-ci alluma un feu pour réchauffer son invitée, étrange.

-Je ne sais pas.

Sensible...? Perdu...? Un malaise commmencait à se faire sentir chez elle, toutes ces émotions qu'elle avait enfoui...esssayait elle de les faire ressurgir? Non! elle n'avait pas le droit! Pas maintenant...pas...maintenant. Eiria se tourna, inquiétée, vers Lylia, elle comprenait chacune de ses émotions, celles ci étaient assez rares mais elles se manifestaient parfois, et cela n'était jamais très bon signe.

-J'ai...

Elle regarda la Liseuse dans les yeux, ainsi, elle pouvait voir son propre reflet...c'était stupide, pourtant c'était la seule façon qu'elle avait de...se reconnaitre. Elle reporta son regard vers la bouche de son interlocutrice, et prononça dans le ton neutre qui était à son habitude, la fin de cette phrase.

-...perdu la vie.

Elle les avaient repoussées, ces émotions qui tentaient de remonter à la surface de son être, elle l'avait souvent fait, et continuerait de le faire, parce que, c'était la chose qui la maintenait en vie.

La Liseuse de Cartes s'était contentée de fixer Lylia, attendant patiemment sa réponse, qui serait, la semi-déesse en était persuadée, autre que la première donnée, c'est-à-dire, qu'elle ne savait pas. L'Anima avait beau être insensible, elle n'était pas moins humaine, ou plutôt Anima, et dotée d'une intelligence, et savait certainement comment ceci était arrivé. Car une chose pareille nécessite une explication, et cette chose n'étant sûrement pas très agréable, il était normal que l'Anima sache ce qu'il en était. La semi-déesse se contentait seulement d'observer la jeune fille qui lui faisait face, qui lui semblait à la fois lointaine mais fragile. Peut-être était-ce aussi l'une de ses facettes, celles qui sont cachées dans le coeur de cette fille, et qui semblent bloquées par sa volonté.

- Et comptes-tu continuer ainsi toute ta vie ? demanda la Liseuse.

La réponse, qui aurait pu être étrange pour quelqu'un d'autre avait parfitement répondu aux attentes de la semi-déesse. Quelqu'un de normal aurait considéré les propos de Lylia vides de sens, abstrait, car si l'on perdait la vie, on mourrait. Or, l'Anima était bel et bien en vie, bien que dénuée de sentiments. Mais pour la Liseuse, de tels propos avaient un autre sens que celui matériel qui était en principe considéré comme sens unique d'une mort. Mais une mort pouvait être aussi matérielle, spirituelle, ou symbolique. Pour Lylia, le second cas prônait, même si la Liseuse pensait que cette vie n'était pas entièrement perdue.

- Ou comptes-tu regagner un jour cette vie ?

La Liseuse savait que Lylia était capable de regagner cette vie, mais il restait à savoir si l'Anima le voulait ou non. Le regard de la Liseuse se posa sur le wyvern qui semblait s'être agitée lors de la réfelxion de Lylia, qui semblait avoir eu un penchant douloureux... comme si revenir là-dessus faisait ressurgir des souffrances anciennes. Pourtant, le cas de Lylia semblait être plus compliqué que cela... Les yeux noirs de la Liseuse se posèrent de nouveau sur son interlocutrice, la semi-déesse guettant la réponse qu'allait peut-être lui donner la jeune fille.

Est ce qu'elle comptait continuer ainsi toute sa vie? Et ce qu'elle souhaitait récupérer ce qu'elle avait perdu...

-Si je le fais, je vais mourir, une deuxième fois.

Et elle ne voulait plus souffrir, qu'importe ce qui arrivait au monde, elle ne souhaitait plus...souffrir. Elle en pourrait pas récupérer ses sentiments, car si elle le faisait, elle mourrait, c'était inévitable, car le monde était conçu ainsi. Tant que le monde ne changerait pas, elle resterait telle qu'elle est actuellement.

-Je n'ai fait que m'habituer au monde, puisque c'est la seule façon de survivre.

Quel être au monde souhaitait sa mort? Elle voulait vivre, le monde est cruel, insensible, et terriblement égoïste, la seule façon de survivre à un tel monde...c'est de devenir comme ce monde. Que l'on soit Anima ou humain, et encore plus lorsqu'on est une jeune fille et encore plus lorsqu'on est Anima .

-J'ai tort?

Elle posait cette question innocemment, sans vraiment attendre de réponse, elle avait fait son choix, la demi déesse devait ête plus sage que le commun des habitants d'Ehiel, mais quand bien même, relle ne pouvait tout savoir.

Encore une fois, la réponse aurait bien pu être insensée aux yeux de n'importe qui. On ne mourrait pas deux fois, d'après le commun des mortels. Sauf que la Liseuse était tout sauf le commun des mortels, et pouvait parfaitement comprendre ce qu'entendait Lylia par mourir une deuxième fois... En fait, presque parfaitement puisqu'encore une fois, l'expression pouvait avoir plusieurs sens. Soit elle mourrait véritablement, soit son esprit mourrait définitivement peut-être. Quoiqu'il en soit, cette décision appartenait à Lylia et à Lylia seule, et la Liseuse ne devait pas s'en mêler. En fait, loin d'elle l'envie de le faire, même si le cas de l'Anima l'intriguait. La seule chose qu'elle pouvait faire qu'elle pouvaiat occasionnellement avoir l'envie de faire était d'observer comment vivrait la jeune fille. Le regard de la semi-déesse ne quitta pas l'Anima une seule seconde, observant attentivement comment réagissait la jeune fille, guettant un moindre signe qui pourrait trahir autre chose que l'insensibilité, même si, dans le fond, la Liseuse savait qu'il n'y avait pas grand-chose d'autre à trouver.

- Penses-tu alors que les Dieux ont conçu ce monde ainsi, pour qu'il soit vu à ta manière qui n'est pas commune de tous ?

Lylia devait être assez intelligente pour savoir que son cas était un cas à part, et qu'elle était probablement unique en son genre - même si chaque être en ce monde était unique, chose que le nom divin mettait encore plus en avant. A la question de la Liseuse ne pouvait correspondre aucune réponse correcte, puisqu'il s'agissait là d'une question de point de vue, même si cela mettait en cause les Six Divinités mêmes. Mais après tout, personne ne pouvait deviner ce qu'il se passait dans l'esprit complexe des Dieux, et personne ne pouvait savoir si la réponse devait être affirmative ou négative. Pas même la Liseuse de Cartes, qui leur était un être inférieur.

- Comment les autres s'en sortent-ils ?

Si cette manièr de vivre était vraiment la seule façon pour survivre, comment se faisait-il que d'autres réussissaient à survivre tout en conservant leurs émotions ? Certes, peut-être cette situation était du à ce qu'avait vécu l'Anima, mais était-ce réellement une façon unique de vivre ? La Liseuse avait vu un grand nombre de personnes en ces lieux, et chacune de ces personnes vivait différemment des autres. Certaines survivaient plus ou moins longtemps, mais la semi-déesse ne doutait pas que les personnes les plus âgées d'Ehiel aient toutes adopté la manière de vivre de Lylia.

- Toutefois, tu es la seule à pouvoir juger si tu es en tort ou non.

Les dieux? Ah oui les dieux, elle en avait entendu parler. N'ayant jamais reçu quelconque enseignement, encore moins religieux, Lylia restait perplexe sur le sujet, de ce qu'elle en savait, les dieux avaient crée le monde, et empeché une précédente guerre.

-Ils doivent s'ennuyer. Quand à la façon dont ils ont conçu le monde, c'est leur choix, ils peuvent le détruire quand bon leur semble, mais ils ne le font pas. Il appartient aux habitants du monde de suivre leur voie, ou de subir les effets de ce monde.

Son seul enseignement, elle le tenait de celui qui lui confia son pouvoir, le reste, comme la langue des Vents, elle l'avait appris par auto-didacte. Les humains pouvaient bien tous mourir, elle s'en moquait, tout ce qu'elle souhaitait, c'était survivre, enfin...peut-on appeler cela un souhait?

-Ce n'est pas mon affaire. Qu'ils vivent ou qu'ils meurent, cela ne perturbera pas ma vie.

Mais elle n'avait pas répondu à la question, comment les autres s'en sortaient ils?

-Parmi tous les gens que j'ai rencontré, j'ai vu les humains vivant en profitant des Animas, pauvres ou riches, malades ou non. Les Animas ne faisant que s'accrocher à une bribe d'espoir, priant leurs dieux de leur venir en aide.
Les sentiments sont un terrible fléau n'est-ce pas?

Tous des êtres stupides, qui finiront de la même façon, par la mort. La différence étant que les Animas attendent la mort tandis que les humains tentent de la provoquer pour y échapper...que de chimères, puisque l'issue sera la même pour tous.

S'ennuyer ? La Liseuse de Cartes fronça imperceptiblement les sourcils pendant quelques instnats avant de reprendre une expression normale. Même elle ne pouvait savoir ce que ressentaient les Dieux, mais loin d'elle était l'idée que les Six Divinités qui devaient être dans les confins de l'espace s'ennuient. Après tout, ne gardaient-ils pas un oeil protecteur sur leur création, Ehiel, le monde qui regroupait leur six volontés communes ? Certes, ils pouvaient avoir d'autres occupations, que la Liseuse ne pouvait imaginer, mais Ehiel restait leur création commune, qu'ils surveillaient par le biais de la semi-déesse. Et cette dernière savait que le monde n'était pas aussi simple ou pacifique qu'on pouvait le penser, et elle doutait du fait que les Dieux s'ennuient, 'là haut'. Quant au fait de détruire Ehiel, ce n'était pas non plus une idée envisageable, sinon ils auraient laissé les Humains s'entre-tuer lors de la Grande Guerre.

Et si les Dieux en question avait pris de l'écart avec ce monde, c'était justement pour laisser le choix à ceux qui l'habitaient, à ceux qu'ils avaient créés, un choix sur l'avenir de leur monde. Cependant, ils ne pouvaient pas non plus les laisser le détruire complètement comme cela s'était passé avec Gaïa et Ourano, mondes inconnus de la majorité des habitants d'Ehiel. En tout cas, ceux-là avaient servi de leçon aux Dieux. Et aux Dieux uniquement. Peut-être était-il envisageable de mettre au courant la population d'Ehiel sur ce qu'il s'était passé dans ces deux mondes, mais les Dieux ne semblaient pas approuver l'idée. Il était vrai que cela comportait certains risques...

- Les Dieux vivent comme bon leur semble, comme toi tu vis comme bon te semble.

Après tout, les Humains avaient été créés à l'image des Dieux, image non pas physique, mais spirituelle. Les Anima étant des dérivés de la race humaine, il était normal qu'ils soient semblables. Et Lylia n'échappait pas à la ègle, et son esprit semblait s'être forgé comme celui d'Ikh, très proche du Dieu de la mort, de la froideur et de l'insensibilité. De tous les Humains que la semi-déesse avait rencontrés, c'était Lylia qui se rapprochait le plus d'Ikh. Elle avait aussi rencontré d'autres personnes ressemblant plus ou moins aux autres Dieux, mais Lylia était vraiment un cas spécial.

- Ainsi, ce n'est pas à moi de juger. Si tel est ton avis, je ne serai pas la personne qui pourra le changer.

La semi-déesse se leva, fixant toujours de son regard noir le regard inexpressif de son interlocutrice. Pendant une fraction de seconde, son regard dériva vers le wyvenr de la jeune fille, puis se fixa de nouveau sur sa Protégée.

- Penses-tu être assez digne pour recevoir ce nom ?

La discussion sur les Dieux s'arreta sur leur vie, certes il la vivait comme bon leur semble, ce n'était pas son affaire. Elle parla de l'avis de Lylia, qui était ce qu'il était, le monde est absurde, dans ce cas, les divinités le sont elles aussi? Il fallait au moins l'être pour créer les sentiments. La demi-déesse se leva, tout en plongeant son regard dans celui de Lylia, avant de poser une question, encore plus étrange que les autres.

-Je ne sais pas.

Elle l'était, elle n'avait pas fait tout ce chemin pour repartir sans rien, et elle était bien plus dignes de recevoir ce nom que la plupart des gens qu'elle avait rencontrés. Et puis, dans tout les cas, elle lui donnerait son nom n'est-ce pas? Parce que c'est la volonté des dieux, et la sienne.
Lylia n'y connaissait absolument rien, mais cette femme semblait très attachée à faire respecter la volonté des dieux, et s'ils avaient effectivement crée le monde et tout ses habitants, alors ils avaient aussi crée son nom, dans le but qu'elle l'obtienne. La Liseuse ne cessait de lui dire que c'était son choix, sa volonté, son avis, elle souhaitait connaitre son nom, donc elle l'aurait.

-Je suis venu ici pour avoir mon nom, digne ou non, cela change t-il quelque chose?

De nouveau, la Liseuse de Cartes sourit. Elle ne savait pas, pourtant elle était venue. En fait, la question n'avait pas de sens, puisque la Liseuse était obligée de révéler le nom divin de la visiteuse. Mais cela lui permettait de cerner les pensées de l'individu - chose pas tès aisée avec un interlocuteur comme Lylia. Elle voulait juste savoir comment l'Anima estimait sa propre personne par rapport au monde qui l'entourait, puisque la notion de dignité pouvait paraître assez subjective. Mais le fait qu'elle ait répondu par 'je ne sais pas' prouvait que la jeune fille n'était pas une de ceux qui adulaient leur propre personne et qui croyaient que le monde tournait majoritairement autour d'eux. Et cela, c'était la dernière chose que la semi-déesse voulait savoir. Elle n'embêterait plus très longtemps l'Anima - enfin, à la base, c'était plutôt Lylia qui était sensée embêter la Liseuse.

La réponse suivante fit perdre son petit sourire à la Liseuse. Il était vrai que la jeune fille était venue pour son nom, qu'elle l'aurait de toute manière, mais ce genre de chose déplaisait plutôt à la Liseuse, puisque cela pouvait donner aux gens l'impression d'avoir un pouvoir sur la semi-déesse, qui ne faisait qu'obéir à son devoir. De plus, cela relevait de l'impolitesse, mais cela, Lylia semblait complètement l'ignorer. Mais la semi-déesse n'allait pas non plus prendre l'Anima en grippe pour cela puisqu'elle était au-dessus de ce genre de chose, et si les gens qui pensaient être supérieurs à la demi-déesse étaient ravis, ce n'était pas son affaire.

- Non, répondit-elle simplement.

Brusquement, la flamme qui apportait de la chaleur à l'endroit s'éteignit, et la Carte du Soleil tomba sur le sol, face cachée, mais en parfait état, comme si elle n'avait jamais subi de combustion. Les Cartes pouvaient avoir un autre usage que celui de la simple divination ou de la transimission du message divin, et elles étaient des aretfacts conçus par les Dieux eux-mêmes, et qui ne tombaient donc pas en morceaux dès le premier feu passé. D'ailleurs, ces cartes étaient sensées être éternelles. Et pour le moment, elles étaient toujours comme neuves.

L'une des cartes éparpillées dans la salle se mit lentement à léviter d'elle-même, puis traça son chemin dans les airs jusqu'à la main légèrement tendue de la semi-déesse, qui l'attendait. Cette dernière referma les doigts sur la carte et la leva légèrement, laissant son regard fixé sur les motifs ornant la carte.

- La Colombe... et le message.

La Liseuse ouvrit les doigts et la carte tomba lentement sur le sol, virevoltant dans les airs, mais retombant face cachée. Les yeux noirs de la semi-déesse se plantèrent dans ceux de Lylia, sérieux. Elle savait que la jeune fille attendait, et qu'elle attendrait sûrement jusqu'au bout. Mais avant d'ouvrir les lèvres, la semi-déesse claqua des doigts, et els cartes se retrouvèrent toutes dans la seconde main de la Liseuse, rangées correctement. Sans y prêter plus d'attention, elle dit, d'une voix à peine audible.

- Lina.

Pourtant, la jeune fille devait l'avoir entendu...

C'était fait, pourtant la jeune fille ne ressentait aucun changement, Lina...elle avait donc une identité à présent, elle était...Lina. Quel pouvoir avait-elle acquis? Elle n'en avait aucune idée, de toutes manières, il était temps de repartir. Lylia ou Lina ne prêta pas attention aux mots que la déesse prononça avant de lui donner son nom, elle en connaissait pas cette langue, cela n'avait pas d'importance, sinon la Liseuse l'aurait dit dans son language. L'Anima se retourna et Eiria fit de même. Lylia prit la direction de la sortie, et jeta un dernier regard sur celle qui venait de la nommer, regard qui se voulait toujours indifférent, même si ce n'était pas totalement le cas. Elle ne la remercia pas, après tout, elle ne l'avait jamais fait, elle ne la salua pas non plus, parce qu'elles allaient se revoir, elle en était convaincue.
Tout deux sortirent de l'antre de la Liseuse, le futur qui leur tendait les bras ne semblait pas différent du précédent, pourtant, quelque chose avait changé. Lina, puisqu'elle s'appelait ainsi, enfourcha son wyvern, qui se laissa tomber le long de la falaise, avant de prendre réelement son envol, chose assez brusque, mais elle y était habitué. Au fur et à mesure de leur descente, l'air se faisait plus doux, et moins oppressant, le calme des nuages était toujours là. Qu'est-ce qui avait changé?